Au
Pays Moï
Le
Marquis de Barthélemy, 1904
Librairie
Plon, ouvrage accompagné de 17 gravures hors texte et de deux cartes.
Après ses missions conduites pour le ministère
de l'Instruction Publique (1), Le Marquis de Barthélemy repart en Indochine
afin d'étudier la montagne de l'Annam et les sauvages régions Moîs. Ces
régions dont on faisait des récits terribles...
"Cette population hardie, fière,
indépendante acquit bien vite toute nos sympathies."
(1) : En Indochine, 1894-1895,
Cambodge, Cochinchine, Siam Méridional ; En Indochine, 1896-1897 Tonquin, Haut
Laos, Annam Septentrional
Merci à Jean Marie Piche et
Monique Verdés pour leur contribution
Pierre
Sauvaire, Le Marquis de Barthélemy
Toutes les photos présentées ici sont extraites de
cet ouvrage. |
Le Marquis |
Carte générale de l'itinéraire |
En route
"A l’avant, accroupie, se
tenait la femme du sampanier qui, la barre en main, gouvernait au dessus de sa tête,
à la mode du pays. Contre la pluie on avait employé le cirage local, un
manteau d’herbes de jongle, ce qui me rappela un vêtement de ce genre coté
dans un livre de réclames et qu’on appelait pompeusement « vêtement spécial
pour la chasse aux canards » ; le prix en était très élevé.
Nos sportsmen s’étonneraient que
ce manteau de pluie, très employé en Annam, ne vaut que quelques cents."
Pauvreté
"Une misère assez grande sévissait
à cette époque à Hué ; [..] L’Annam souffre de moyens de
communication : son centre, hué, est le plus mal partagé. Les récoltes
viennent elles à manquer dans la province ? le riz atteint des prix tels
que la population pauvre n’arrive plus à se nourrir."
Chez les mois
de la région de Hué
"D’un caractère doux, avec un
esprit d’indépendance assez marqué, ils n’ont que peu de rapports avec
leurs voisins annamites. Comme les Muongs, ils cultivent le riz en rays, à
flanc de coteau, négligeant dans les défrichements d’arracher les arbres
qu’on y rencontre, pareils à des colonnes de quelque ruines, se dressant à
demi calcinés."
Ils placent en bas , dans la partie
broussailleuse des batteries de pièges
[..]
"Pour
les gros mammifères, ils replient une forte branche amarrée entre deux solides
piquets ; un bâton en travers soutenu par deux pieux assez courts et légèrement
encochées maintient l’appareil tout armé : une corde en rotin barre le
chemin, assez tendue pour que le moindre choc produise la détente, et
l’animal en passant est transpercé par une flèche de bambou très pointue
fixée à l’arbre recourbé qui sert de ressort."
"Au milieu du village se
dresse un pieu pointu perce d’un seul trou et couvert de peintures bizarres
Avec beaucoup d’imagination, on arrive à reconnaître des masques d’hommes
et des têtes de serpents : c’est là qu’on suspend la viande de buffle
ou tout autre que consomment les habitations, pour donner aux esprits leur part
de festin."
Le chef de Jo-chié et ses porteurs |
Chez les Bahnars
Une maison commune dans un village Moïs, près de la mission des Bahnars |
"Du haut d’une colline nous
dominions de vastes plateaux dont la fertilité était due au travail des
missionnaires. Le Père s’arrêta et, simplement, embrassant l’aspect d’un
mouvement circulaire : « là, dit il les mois travaillent,
s’adoucissent, deviennent chrétiens et français ».
Les habitations sont indépendantes ;
l’autorité du chez de guerre restreinte aux questions d’intérêt général,
guerres et fêtes. Un conseil composé des anciens rend la justice en temps de
paix.
A titre d’impôt, chaque maison
verse une certaine quantité de produits pour subvenir aux disettes et couvrir
les frais des fêtes publiques.
Les maison communes, élevés au
centre de chaque village, sont destinée aux réunions du conseil, à
l’exception des étrangers, en même temps qu’elles abritent les jeunes pubères
qui ne savent pas encore chasser ni manier les armes. On les nourrit aux frais
du village, jusqu’à ce qu’ils aient prouvé leurs virilité par quelque
acte de courage ou affirmé leur habilité de chasseurs et d’agriculteurs. On
les autorise alors à prendre femme et ils font partie d’une maison."
Une des églises de la mission de Bahnars |
Troc
"Privés de vivres frais, je
voulus acheter un cochon. « oui, mais fut il répondu, nous n’acceptons
pas d’argent ». Nous désirons une couverture ». Une de nos
couvertures payés 1f50 chez Escande, magnifiquement bariolé de jaune et de
bleu, fut échangé contre un porc très gras, bien en chair."
Rapport
avec les colons
"Le fond du caractère annamite
est la paresse ; il travaille pour vivre et son ambition est fort
restreinte ; aussi ne sait il pas tirer de son pays toutes les richesses
qui y abondent. Ici plus que jamais se fait sentir la nécessité de l’éducateur,
du colon, secondé par une administration exigeante envers l’indigène, mais
aussi paternelle dans ses rapports avec lui. Il faudrait protéger les grandes
sociétés d’irrigation et éviter qu’elles ne tournent à une exploitation
exagérer du paysan. Malheureusement les exemples qu’on en a vus au Tonkin
n’ont rien que d’alarmant, à cause de trop grande âpreté des colons français,
désireux de faire une fortune rapide."
L'embouchure du Song-Ba, près de Tug-Hoa |
Mœurs des Mois de Bolo
"Tout près se trouve le cimetière,
ou s’élève une série de tombeaux que nous primes de loin pour de petites
pagodes. Dans chacun d’eux sont disposés comme offrande des bols de riz.
D’après les traditions, ces sauvages ont pour toute religion le culte des ancêtres.
Ils croient en un Dieu créateur, en l’immortalité de l’âme, mais avec une
forte tendance à la métempsycose."
"Un Moi vient il à mourir ?
Les habitants lui dressent une tombe disposent ses effets dans le tombeau, à
l’air libre, à la vue de tous ; nul ne peut s’en emparer sans encourir
la vengeance des esprits."
Tombes Moïs |
La toilette
"Une impression nouvelle nous
attendait au lever. Les indigènes, intrigués de tant d’ablutions, se
pressaient autour de la case, examinait dans un respectueux silence et avec
attention nos tubs et instruments de toilette. De nous voir nus et presque sans
pudeur la foule se mit à rire ; les femmes surtout témoignaient d’une
curiosité maligne, étonnées de cette hygiène dont, hélas ! plus
d’une avait grand besoin. [..] Elles sont généralement grossières de
formes, fortes, avec des jambes bien musclés. La plupart sont repoussantes de
saleté et couvertes de gales."
En Station au 1er village Moï |
"Les cases de ces mois sont
faites de paillote et d’écorces d’arbres, au ras du sol. Tout le monde
couche dans les même endroit ; aux cochons est réservé un coin spécial
fermé de tous cotés par des madriers qui les protégent contre les bêtes féroces."
"Ces gens m’ont paru peu
industrieux : le manioc, le riz et la patate constituent toute leur
culture, avec le tabac, d’un goût assez désagréable qui se rapproche
beaucoup de notre caporal français, avec un peu plus d’âcreté."
En suivant le cours du Krong Bla - les rapides |
Plantation Delignon- Buffon
"La plantation nous a paru
manquer du fonds indispensable qui attire presque infailliblement la main d’œuvre,
la rizière ; aussi sommes nous partisan des grandes concessions ou peuvent
se fonder des villages d’ouvriers ; toutes main d’œuvre en terrain
nouveau et inculte, par conséquent fiévreux, est difficile à recruter ;
il faut pouvoir procurer à l’indigène les facilités de faire son riz,
c’est la plus sure façon de l’attirer ; mais aussi il est
indispensable d’avoir, sur ses terrains, un certain droit de propriété qui
l’empêchera de reprendre son reprendre son indépendance et
d’abandonner les chantiers de son bailleur de fonds qui se trouverait, par là
même, lésé et trompé dans sa confiance, sans qu’aucune intervention légale
puisse être invoquée."
"Nombre de gens mouraient de
faim sans qu’un commerce établi put leur porter secours. N’ayant pas comme
le Moî la ressource de piller chez le voisin, le Nha Qué annamite, à demi
civilisé, souffre et meurt, victime de son imprévoyance et de ses dépenses
folles aux jours d’abondance."
Type de Stiengs |
Fai Foo
"Nous nous réveillâmes
à Fai Foo, en face de la maison de commerce Derobert frères et Cie,
exportateurs de produits indigènes."
"[..] La maison Derobert avait
donc cessé ses affaires de cotonnades à Hué pour s’adonner aux échanges
avec les mois et les annamites. Fai Foo centralise le commerce de toute une région
fort importante de l’Annam, Tra My, qui fournit du thé, du tabac, du manioc,
de la cannelle, du café et une faible exportation de riz. A cette époque, MM
Derobert s’occupaient plus spécialement du commerce de thé avec la France ;
sous l’étiquette de thé de l’Annam, ils vendaient les produits de la
Mission, de quelques plantations, et aussi de cultivateurs annamites.
L’exportation en France avait atteint cette année là 70.000 kilos. A ce
commerce était joint celui des rotins, d’un rapport minime, car les frets élevés
des Messagerie maritimes ne permettent pas le commerce de produits bon marché."
La région de Tra-My
[..]" Le pays étale sa richesse
et les villages prennent un tout autre aspect. Dans de larges vallées cultivées
en rizières ils deviennent plus rares, entourés de fortes palissades ou domine
un immense mirador qui sert d’entrée. C’est là que les annamites redoutent
les incursions mois et s’entourent de précautions. Nous reconnûmes la
fameuse route par laquelle la cannelle descend à Fai Foo."
"Quand l’annamite les a
trop trompés, ils descendent se venger en bandes, armés de lances et d’arbalètes.
On bat le tam tam et toutes les portes se ferment. Du haut du mirador les
habitants lancent aux assaillants tous les projectiles qu’ils peuvent trouver,
et si par hasard on entend la détonation du fusil la victoire reste aux
annamites, car les mois, d’un naturel peureux, détalent au bruit du tonnerre
européen."
Les Guerriers Moïs défenseurs d'un village, la pointe de la lance fichée dans la terre en signe de paix |
Dormir en forêt tropicale
"Nous allions passer la nuit,
sur le chemin, en pleine forêt !
L’humidité gouttait de feuille en
feuille ; une odeur de végétation putride nous incommodait, tandis que
les lianes, s’enlacent autour de nous, formait une voûte de tombeau. Une
seule chose pouvait alléger nos peines en nous en donnant à la fois lumière,
chaleur et sécurité contre les bêtes fauves.. du feu.
Tous ceux qui ont lu les relations de
voyage aux pays tropicaux ne se doutent guère de l’importance que prend le
3eme élément dans la vie primitive. C’est en passant par ces angoisses
qu’on comprend le culte que lui rende les primitifs.
J’avais mis à l’abri dans mes vêtements
une boite d’allumette presque humidifiées. Avec mille précaution, je pus découvrir,
à leur lumière, un coin de roche que l’eau n’avait pas atteint ; un
bambou déjà pourri avait conservé une précieuse sécheresse. Cette
circonstance nous sauva… [..] Nous étions sauvé du spleen, de l’obscurité
et du froid."
Case Moïs sur les hauts plateaux |
Marché de la cannelle
"Cette
écorce que les mois récoltent dans la forêt, ils l’échangent volontiers
contre des babioles annimites, verroterie, étoffes voyantes, fil de laiton dont
ils font leurs colliers et leurs bijoux, les pipes, etc…"
"Voici comme s’opèrent généralement
le trafic : un annamite installé dans un village moi achète sur place,
pour des vétilles, de grosses valeurs de cannelle qu’il transporte ensuite
par des coolies du pays sur le marché de Tra-My. La cannelle passe, par un autre intermédiaire, aux commerçants de la cote, généralement
à Fai Foo."
Le "fils" du père Guerlach |
Itininéraire |
Itinéraire |
Không có nhận xét nào:
Đăng nhận xét
Lưu ý: Chỉ thành viên của blog này mới được đăng nhận xét.